Blowin'up

C'est très vague dans ma tête. Tout ce que je sais, c'est que je suis née de deux parents adorables avec leurs qualités et leurs défauts bien entendu. Mon enfance avait été sympathique, comme la plupart des enfants, normalement. Des câlins, des bisous, des disputes, des blessures, de l'amour, de la haine. Plus je grandissais et plus certaines choses disparaissaient de ma mémoire. Heureusement, ma maman gardait toujours des cassettes de mon enfance. Bah oui, quand on a un enfant, on le prend en photo, en vidéo et on le montre à ses amis pour nous humilier lorsque l'on sera plus grand.

Les repas de famille, c'était toujours des décentes aux enfers. Maman adorait tellement montrer mon album photo à ses amis.. Mais surtout des vidéos. À chaque fin de repas, on avait tous le privilège de regarder mes exploits ; me voir faire pipi dans une poubelle, mettre les escarpins de maman, une fausse moustache pour papa, me battre avec ma peluche dans le bain, mes crises de nerfs, mes pleurs pour LES garçons que j'ai aimés. Ah ouiii.. Maman rigolait beaucoup de ça. J'étais la petite fille qui aimait quelqu'un au premier regard. Tiens, un autre plus mignon, je vais l'aimer lui aussi et au final j'oublie l'autre. Je me faisais toujours rejeter. Trop oppressante. Je voulais être comme papa et maman, l'amour parfait à mes yeux. Bon.. Si j'aurai pu, papa serait mon chéri.

Mes années à l'école étaient toujours d'énormes calvaires. Je souffrais énormément et je ne comprenais pas pourquoi. Maman m'a toujours dit que je ne serais jamais comme les autres, puisque je pouvais ressentir le malheur. C'était mon pouvoir. Mes parents ne savaient pas comment gérer ça. Ils n'arrivaient pas non plus à comprendre pourquoi je rentrai toujours en pleure. Ils pensaient que c'était à cause des garçons. Au final, mon pouvoir me menait la vie dure. Je ressentais le malheur. Peu importe, que ce soit la maîtresse qui se sentait délaisser par son mari, une camarade qui avait perdu l'un de ces parents ou un autre qui avait perdu son jeu vidéo. Je le ressentais et il a fallu que j'apprenne à le contrôler. Grâce à l'amour de mes parents, j'ai pu avancer et le contrôler petit à petit. Je suis sûre que j'aurai pu tomber en dépression sans eux, même sombrer.

J'ai appris à moins ressentir les malheurs d'autrui. Cependant, j'ai pu activer une nouvelle capacité de mon pouvoir. Ce n'est pas bon pour moi, mais tant que ça l'est pour les autres, cela me convient. Je me souviendrai toujours de cette camarade de classe qui avait perdue l'un de ces parents en primaire. Elle était souvent toute seule et je voulais l'aider. Poser sa main sur l'épaule de quelqu'un pour le rassurer et quelque chose de tout à fait banal. Cependant, pour moi, c'était comme un électro-choque. En une fraction de seconde, mon corps devient fébrile, mon cœur se déchire et mes larmes coulent le long de mes grosses joues. Mes yeux brillent devant le visage lumineux de cette même jeune fille qui, elle, rayonne de bonheur. Ce phénomène, je ne l'avais pas compris. Je suis restée pendant des jours à pleurer et à crier dans ma chambre avant d'en parler à mes parents. Pour eux, c'était évident. J'avais la capacité d'atténuer le malheur des autres, tout en le ressentant comme si cela m'était arrivé, à moi.

Plus je grandissais et plus mon pouvoir devenait dur à contrôler. Je voulais aider les autres, mais pour cela je devais souffrir en retour. Mes parents ne le voulaient pas. Ils en avaient plus que marre de m'entendre hurler de douleur dans toute la maison. Ils ont donc prit la décision de m'enlever de l'école et de me faire prendre des cours particuliers à la maison. Ils avaient les moyens, autant en profitant et cela pouvait m'aider à me reposer.

Du jour au lendemain, maman avait arrêtée de me filmer, de filmer papa. D'ailleurs, il ne venait plus à la maison, seulement pour dormir sur le canapé. Il n'y avait plus de repas de famille. Malgré ça, maman me faisait toujours ces délicieux gâteaux aux pralines. Ce fut au bout d'un certain temps que je me suis rendu compte que quelque chose n'allait pas. J'en avais parlée avec mes professeurs qui étaient les amis de mes parents. C'était une procédure de divorce. Mais le pire était à venir. Papa avait rencontré quelqu'un d'autre et.. Maman aussi. Wouah, le superbe amour pouvait mourir ainsi du jour au lendemain? J'étais au milieu de tout ça, mais maman et papa n'ont pas réagi comme des égoïstes. Ils se voyaient régulièrement pour parler du futur avec moi. J'irai deux semaines chez maman et une semaine chez papa. Bien sûr.. Je devais rencontrer les deux partenaires de mes parents au bout de trois mois de séparation. Cela n'a pas empiété dans mon pouvoir, pour moi l'amour était plus fort que tout.

Finalement, le copain de maman était vraiment gentil et attentionné. Il rigolait souvent et il faisait sourire maman tous les jours, mais il n'était pas mon papa. La copine de papa était, elle aussi, très gentille. Elle me faisait des cadeaux et des bisous, mais elle ne sera jamais ma maman. Ils n'égaleront jamais mes parents. Ils font simplement parties de ma vie à présent.

J'ai enfin rencontrée le fils de belle maman. Il était de trois ans mon aîné. Ohh.. Le coup de foudre. Il est immense, brun aux yeux verts. Pfiou, ce gars me fait transpirer et bien sûr, il a fallu que je le salue en pyjama. Merci papa de me prévenir de son arrivée dans la maison. Il était vraiment gentil avec moi, il me considérait comme sa petite sœur. Je l'adorais! À chaque fois que je rentrais chez maman, j'étais pressée de revenir chez papa pour le voir, puisqu'il s'était finalement installé.

Je le pensais gentil et sage. Il était tout le contraire lorsqu'il n'y avait pas sa mère derrière lui. Papa me laissait souvent toute seule avec lui lorsqu'il sortait avec sa copine. Ils avaient confiance en lui, c'était un garçon mature. Ouais, une ordure plutôt. Il fumait, buvait de l'alcool, ramenait ses potes pour foutre le bordel dans la maison et m'accusait par la suite. Il se battait souvent avec des gars à l'école. Il couchait avec pleins de filles, mais me faisait croire qu'il m'aimait. Je le croyais, débile que je suis. Alors, je le couvrais pour tout. J'étais aveuglée par l'amour que je lui portais. Ouais.. Au final c'était simplement un manipulateur qui arrivait à me retourner le cerveau. Pervers narcissique lui convient très bien. J'ai essayée de faire une croix sur lui, mais plus il était méchant et odieux, plus je le trouvais classe. Pfiouu.. Pourquoi j'aime toujours les vilains garçons?

Pour être ainsi, il faut avoir beaucoup de problèmes. Pourtant, je n'avais rien ressenti à ce sujet. Mon pouvoir m'avait-il abandonné? Impossible. J'avais remarquée qu'il laissait paraître quelque chose lorsqu'il buvait. Peut-être devrais-je essayer de l'aider lui aussi? Très mauvaise idée.

Je me souviens encore, que c'était très douloureux. Je ne peux toujours pas expliquer ce sentiment. D'ailleurs, je voyais flou, je tanguais de tous les côtés et j'avais envie de vomir. Je me suis réveillée avec la fameuse gueule de bois. Une nouvelle capacité de mon pouvoir qui, je le pensais, c'était stagné. J'avais ressenti sa douleur, mais en plus de cela, j'avais les effets de tout l'alcool qu'il avait ingurgité. Et bien, il va falloir à présent que j'évite les alcooliques, les drogués et les psychopathes. Ce pouvoir, je l'avais déjà à mes tous débuts. Je n'avais simplement jamais rencontrée de personnes alcoolisées avant lui.

J'ai décidée de ne plus lui prêter attention. J'avais même prit la décision de partir avec l'accord de mes parents. Ils avaient les moyens, mais je voulais me débrouiller de moi-même. Trouver un boulot, entretenir mon logement par mes propres moyens, etc. Ils ont accepté avec inquiétude. Ils avaient peur qu'ils m'arrivent quelque chose à l'extérieur à cause de mon pouvoir, mais également avec ce qu'il se passait, les disparitions et tout ça. Pas d'inquiétude, je vous rendrai visite tous les dimanches et on aura un rituel, c'est d'aller manger une bonne glace après une belle journée ensemble.

Alone. Ma vie commençait assez mal. J'avais commencée à travailler dans de petits jobs qui ne duraient pas longtemps. Mes parents payaient mon logement en attendant que je trouve un boulot correct. Ce ne fut pas le coup de foudre, mais j'étais bien payée et je pouvais discuter avec les clients. Le job de serveuse me convenait très bien. Cependant, avec mon blog et mes 6 000 abonnés, cela allait être problématique. Vous voyez une blogueuse travailler dans un petit restaurant assez minable? No way. J'ai donc prit la décision de me déguiser chaque fois que j'allais à mon boulot, espérant que personne ne me reconnaisse un jour. Je ne suis pas une star, c'est sûr, mais je n'aimerais pas que cela se sache pour autant.

Je vis ma vie paisiblement dans mon logement avec mon petit chat Beerus, mon boulot qui me convient et mon blog qui m'aide à m'évader et à donner du bonheur aux autres!

xoxo