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Such a sweet dream... That’s you [Gwenrin]

Eirin Keiko
Eirin Keiko
Grade V
Messages : 12
Age : 24
Mer 14 Fév - 21:02
Eirin Keiko
14 février 2018
16h41


Ouhlouloulouloulouloulouloulou… Quelle horreur. Quelle idée. Mais quelle idée. Mais quelle horreur. Je ne sais pas quoi faire. Est-ce qu'il arrive ? Est-ce qu'il est encore loin ? Qu'est-ce qu'il peut bien penser à l'instant ? C'est pas trop niais d'être ici ? Il a deviné ce que je veux lui dire ? Il va venir au moins ? Et si je remettais ça à plus tard ? Et si ma déclaration rendait les choses compliquées entre nous ? Et si il rejetait ma déclaration ? Qu'est-ce que je vais faire ? Et si il acceptait juste par pitié de moi, pauvre petite aveugle amoureuse ? Il ne ferait pas ça si ? Est-ce que mes chocolats ont fondus ? Et si il était fâché parce que je l'ai évité ? PAR L'UNIQUE C'EST LA PANIQUE !

BADOUM BADOUM BADOUM.

Il faut que je me calme. Je dois me concentrer, il n'y a pas de raison de s'affoler. Tout va bien se passer. Gwendal va venir, je vais lui confesser mes sentiment et...// Par l'Unique, rien que d'y penser je perds mes moyens. Pourquoi ça a l'air si facile dans les livres ? Les romances sont toujours si belles et parfaites… Mais en vrai c'est super dur ! En plus il est super populaire au lycée, je suis sure qu'il a déjà reçu plein de lettres et de confessions de filles trop jolies… Même si Sekai m'a aidée psychologiquement à me préparer pour aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de me poser mille questions. A commencer sur des choses bêtes qui d'habitude m'importent peu. Comme mon apparence par exemple. Dans ces moments là, c'est une tare d'avoir un handicap visuel. Je sais qu'il y a une multitude de jolies filles au lycée mais je n'ai aucune idée d'où me situer. C'est vrai ça ? Est-ce que je suis jolie aux yeux de Gwendal ? L'avis de Sekai ne m'aide pas vraiment, elle voit les chose différemment puisque c'est une fille et c'est ma copine. Oh la la, je prie pour une miracle. Face à toutes ces filles je suis vraiment toute petite. Pas que je doute du fait que je sois jolie mais c'est trop abstrait et subjectif pour moi !

BADOUM BADOUM BADOUM.

Inspire. Bloque. Expire. Bloque. Recommence.
Inspire. Bloque. Expire. Bloque. Recommence.
Inspire. Bloque. Expire. Bloque. Recommence.
Inspire. Bloque. Expire. Bloque…

Fiouuu. Mon cœur va exploser si il continue sur ça lancée. Je n'entends que lui, ou presque. Je devrais me détendre un peu. L'air frais rafraîchit mon visage donc avec un peu de chance il n'est pas trop cramoisi. Je devrais écouter le bruissement des feuilles… Oui, c'est une bonne idée ! La nature me changera un peu les idées. Je dois arrêter de me concentrer sur la porte qui mène ici. Entendre les pas de Gwendal me ferait paniquer. D'ici j'entends presque tout les bruits de la cours. Les élèves qui discutent, l'agent d’entretien qui s'occupe des poubelles, les petits oiseaux qui gazouillent… C'est un bel endroit. Un endroit calme et agréable. Pas comme moi. Je suis toute fébrile, c'est terrible. Le truc, c'est que je ne me suis jamais vraiment intéressée aux garçons… J'étais trop occupée à montrer au monde à quel point je suis autosuffisante pour ça mais maintenant… Je me retrouve comme une cruche complètement inexpérimentée et déboussolée. Je n'arrête pas de triturer mon écharpe en attendant. Bon, on a vu plus mignon qu'un uniforme pour déclarer sa flemme mais pour ma défense je porte mon plus joli manteau et une longue écharpe toute douce par dessus ! J'ai essayé de trouver des jolis collants aussi.

Mais devant qui je me justifie au juste ? Je perds complètement la boule !


Le même jour
7h02

Aujourd'hui, c'est le grand jour ! Mais… Pas maintenant ! Définitivement pas tout de suite. Je ne suis pas prête, oh non non non. Heureusement, je peux compter sur Aya. Elle me sauve. Elle m'a promis de manger avec moi au plus tôt ce matin pour éviter de croiser Gwendal. Elle veut aussi m'aider à me coiffer après pour que tout soit parfait. C'est pas si mal d'être dans les dortoirs nuls du sous-sol, au moins il n'y a pas de colocation mixte. C'est difficile de cacher un crush quand on vit avec. Je me sens mal d'agir comme une couarde mais je sens que je n'arriverai pas à affronter le regard de Gwendal si je le croise. Du coup, j'essaie de l'éviter comme je peux. Au moins, il est difficile à rater : il est stalké par une dizaine de filles -rien qu'en comptant les Passions-. J'entends les filles bien avant d'être dans le périmètre du sportif. Si elles se mettent à faire du bruit, je m'en vais en douce. Je n'arrête pas d'entendre des filles parler de lui dans les couloirs, j'ai un peu la pression. Il a vraiment du succès. J'ai peur de l'embêter si je vais le voir… Et puis je n'ai pas leur courage. C'est trop intimidant. En plus jamais de la vie je n'oserais me déclarer devant d'autres personnes. C'est vraiment trop gênant. Elles ont du courage.
Ce matin, j'ai failli tomber sur Gwendal, heureusement que les filles un peu bizarres qui l'attendaient dans le couloir bloquaient le passage. Aya m'a attrapée par le bras et on a fait un détour haha, quelle aventure. Tout ça parce que je ne sais pas contrôler le déluge d'émotions qui me traversent. Je suis super stressée, je sais pas comment je vais m'en sortir, oh mon Dieu.

BADOUM BADOUM BADOUM.


Le même jour
12h35

C'est Sekai ma deuxième salvatrice de la journée. Elle a l'avantage de passer prioritaire dans la cafétéria puisque les Évasions ont gagné le jeu des clé. Elle s'est arrangée pour me garder une place à sa table et je m'apprête à la rejoindre. Je suis au milieu de la file puisque j'ai essayé de me dépêcher un maximum. Je n'ai pas remarqué Gwendal sur mon chemin. Je dois avouer que ce calme est trop stressant. Il a peut-être été retenu par une autre fille ? Ou alors il est déjà là sans que je le sache. Ça serait horrible. S'il vient me parler avant que je sois prête à affronter son regard je vais m'évanouir. Le pire c'est qu'à la pause de ce matin, j'ai une once de courage qui m'a parcouru. Je me suis dit « Allez Eirin, depuis le temps que tu le connais,tu peux pas te cacher éternellement ! ». Je suis presque arrivée jusqu'à la salle des 4ème années.

BADOUM BADOUM BADOUM.

Maiiiiis... j'ai paniqué soudainement, faut croire qu'en fait je préfère vivre cachée. J'avais des papillons dans le ventre et les élèves dans le couloirs et la salle me stressaient trop. J'ai caché mes chocolat sous mes bras et j'ai très vite fait demi-tour. J'espère vraiment qu'avec toute l'agitation je ne les ai pas ruiné. J'ai fait beaucoup d'effort pour les faire maison, ils ont même une forme de dauphins ! Je voulais des requins mais je n'ai pas trouvé de moule approprié... Du temps qu'ils n'ont pas fondu, je suppose que ça ira. Je dois vraiment faire plus attention. Je ne suis pourtant pas du genre à perdre mes moyens ! Ah la la, j'aurais jamais imaginé perdre la tête à cause d'un garçon.


Le même jour
14h58

Je m'en sors pas du tout. J'arrête pas de me déconcentrer et de faire des erreurs bêtes sur des pas faciles. Je me suis même tordu la cheville ! Le truc qui m'arrive jamais quoi. Je ne peux pas appeler ça de la danse. C'est un échec cuisant d'interprétation d'une chorégraphie. J'ai la tête ailleurs. C'était pareil en cours. En fait, je me fais pleins de scénarios de comment ma confession va pouvoir se dérouler et je me perds comme ça dans l'immensité des possibilité. Mon cerveau à vraiment beaucoup d'imagination. Trop même.

BADOUM BADOUM BADOUM.

Ça me reprend. Je n'arrive pas à maintenir des efforts d'intensité, mon rythme cardiaque et ma respiration sont catastrophique. A côté de la plaque. Avec Sekai tout à l'heure après le repas, on a du fuir parce que Gwendal a failli me trouver. J'ai rien compris à ma vie. Elle m'a pris la main et pouf, on était dans sa chambre. Elle m'a sauvé. Elle sait à quel point je suis anxieuse aujourd'hui. Je suis tout le temps dans la lune ! Je réfléchissais au meilleur moment pour offrir mes chocolats et tout révéler quand elle m'a entraîné dans le couloir. Et toute ma réflexion n'a mené à rien. Je repousse toujours l'échéance. Je sais pas comment trouver le courage de le faire. Franchement, je me demande comment les gens voyants font. Déjà comme ça j'ose pas lui faire face… Je suis certaine que le voir en face, yeux dans les yeux, me pétrifierait.


Le même jour
16h32
BADOUM BADOUM BADOUM.


J'ai plus qu'à envoyer. Allez. Je le fais. Maintenant. Là. Il faut que j'appuie. Que j'envoie le SMS. C'est facile. Plus qu'un petit pas à faire. Un effleurement d'écran. L'endroit est parfait. Gwendal ne devrait pas être occupé. Rien ne me retient… C'est une question de mental. Ça passe crème comme on dit. C'est simple comme bonjour…

BADOUM BADOUM BADOUM.

CA Y EST. C'EST FAIT. Il m'a juste fallu trente minutes à envoyer une message simple de quelques mots ha ha haaaaa… J'ai juste à recoiffer mes cheveux et tout sera parfait.

BADOUM BADOUM BADOUM.

MES CHOCOLATS. ILS ONT DISPA// Ah. Dans l'autre poche. C'est vrai. Ouh lou lou, je deviens folle. J'espère que je ne me suis pas tâchée, ça serait ruiner le moment. Et est-ce que j'ai du persil sur les dents ? Il faut que j'appelle Sekai !
Non non non. Mauvaise idée Eirin, il arrivera bientôt. C'est pas le moment. Tout va bien. Tu es charmante, jolie, rigolote, tes cheveux sont soyeux et tes chocolats sont onctueux. Ha ha haaaa…

BADOUM BADOUM BADOUM.


L'instant présent.

Calme.
Cool.
Je suis parfaitement en contrôle de mes moyens.
Fiiiiou.


CLIC.

PAR L'UNIQUE C'EST LA POIGNÉE DE PORTE. IL EST LA. IL NE M'A PAS POSE UN LAPIN. Il s'approche. Je lui tourne le dos. Il faut que je respire. Je dois me détendre.

BADOUM BADOUM BADOUM.
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Gwendal Malenkov
Gwendal Malenkov
Délégué - Grade III
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Age : 25
Lun 19 Fév - 14:14
Gwendal Malenkov
Nobody but you
Gwendal Malenkov & Eirin Keiko

C'est l'histoire d'un mec, dans un lycée, qui perd une aveugle...
On dirait le début d'une blague de merde, c'est un peu pitoyable.

J'avais un plan pour aujourd'hui. Un plan pas forcément parfait, mais un plan. Et puis mon plan a capoté dans la semoule. Parce que je suis un handicapé des sentiments ou parce que je suis aussi organisé que mon tiroir à chaussettes, j'en sais foutrement rien, mais le fait est que j'en suis là.
C'était pas censé se passer comme ça.

J'avais des grands projets pour aujourd'hui.
D'abord, je devais me lever tôt pour aller chercher un chocolat chaud - celui avec un peu de chantilly dessus, saupoudré de petits copeaux de chocolat -  au café le plus proche du lycée, puis chercher un croissant à la boulangerie d'à côté. Ensuite, j'étais censé retourner aux sous-sols avec tout ça dans les mains et attendre devant le dortoir des filles de la classe, et ce jusqu'à ce que Eirin en sorte pour lui offrir ce petit déjeuner spécial.

C'était le plan parfait.

Elle allait trouver ça trop gentil de ma part, pas du tout bizarre que je l'attende dans un couloir sombre, humide et froid et je lui aurais dit que je voulais l'inviter quelque part après les cours. Où ? J'en sais rien, j'avais pas vraiment réfléchi plus loin que ça, ça m'avait déjà pris trois semaines pour élaborer ce début de plan : je savais juste que j'allais lui dire ce que j'avais sur le cœur.
J'allais enfin arrêter de faire comme si je remarquais pas que mon estomac faisait pas un triple lutz à chaque fois que je la voyais me sourire, comme si j'avais pas encore compris c'était bien plus que de l'amitié que je ressentais pour cette fille. J'allais enfin porter mes couilles. J'allais enfin me jeter à l'eau, en espérant ne pas toucher le fond de la piscine en me prenant un gros rejet de quelqu'un qui ne me verrait potentiellement que comme un ami.

Mais voilà.
Tout ça, c'était sans compter sur mon talent naturel pour l'échec.

D'abord, j'ai raté mon réveil. Je suis un peu con aussi, d'avoir squatté la piscine du lycée jusqu'à vingt-trois heures mais faut me comprendre : j'étais stressé, putain. Donc déjà, j'ai raté la possibilité d'aller chercher ce foutu chocolat chaud et ce croissant de merde avant que tout le monde ne se réveille. Mes chances de faire un truc mignon venaient déjà d'être fortement compromises.
Mais je me suis pas démonté, hein. J'ai vu l'heure, j'ai enfilé mon uniforme plus vite que la lumière en évitant la case douche et j'ai quand même couru pour aller chercher ça. J'ai galéré, j'ai renversé un peu de chocolat sur mon pantalon, mais je me suis pas démonté et je suis allé me poster devant le dortoir des filles avec mon « sachet petit-déjeuner express ». Comme un héros.

Et j'ai attendu.
Pendant presque une heure.
Chaque visage des Passions que je croisais me jugeant durement.

Eirin n'est jamais sortie de ce foutu dortoir. Ou plutôt, elle en était apparemment déjà sortie depuis bien avant que je ne fasse la sentinelle puante dans le sous-sol. J'avais échoué. Lamentablement, qui plus est.

Je crois que c'est à ce moment-là que j'ai commencé à remettre en question l'intelligence de mon plan.

J'ai dû me remettre de mes émotions. J'avais pas le choix en même temps, il fallait que je cours à la cafet pour attraper un truc à avaler et que j'essaye de consommer ça avant d'aller en cours. Parce que j'avais encore l'espoir d'offrir le chocolat et le croissant sucré à Eirin, bouffon que j'étais. Et parce que de toute façon, je pouvais pas manger ces trucs sucrés moi-même. Mais ça, c'est une autre histoire.
Je me suis donc rué dans la cafet, j'ai attrapé le premier truc mangeable venu et j'ai commencé à le fourrer dans ma bouche en traversant les couloirs. J'ai jamais mangé une pomme aussi vite de ma vie. Et j'ai jamais eu l'impression d'être aussi sale et plein de sueur en arrivant à un cours d'Histoire Humaine.

On pourrait croire qu'après ça j'aurais réussi à remonter la pente, à rattraper la catastrophe et à faire une pirouette digne des plus grands romantiques pour rendre cette journée spéciale... mais non, en fait. Et je crois qu'il n'y avait que moi qui étais assez à côté de la plaque pour me voiler la face et penser que j'en étais capable.
Si je devais résumer le reste de ma journée : je puais, j'ai pas croisé Eirin une seule fois et j'avais toujours mon sachet dans les mains après mon dernier cours de la journée. Tu parles d'un Casanova en carton.

Bon, d'accord. J'exagère quand même sur un point : grâce aux activités de club, je pue plus tant que ça maintenant. Je sens seulement un vague mélange de chlore et de shampoing, y a du progrès. Mais ça n'empêche que maintenant, je me retrouve comme un con.

Pourquoi ? Eh bien tout simplement parce qu'il est pas loin de dix-sept heures, que les seules filles à qui j'ai adressé la parole de la journée étaient des espèce de psychopathes qui m'ont toutes demandé huit fois si je pouvais pas leur apprendre à nager et que j'ai toujours pas trouvé Eirin.
Sans compter que je me balade toujours avec un chocolat froid dont la chantilly a fondu et un croissant qui a probablement été arrosé par ledit chocolat pendant mes multiples courses de la journée.
Paye ta Saint Valentin pourrie, quoi.

Alors après avoir erré comme une âme en peine dans le lycée à la recherche d'une aveugle invisible pendant presque une heure, je m'étale sur le premier banc venu. J'arrête enfin de tourner en rond pour rien, j'interprète les signes de l'Unique qui me font comprendre que si je suis pas capable d'offrir un croissant à la fille que j'aime, c'est probablement que je la mérite pas.
Et je soupire.
Je capitule.
Je me sens con.
Et je sens mon portable vibrer.

C'est pas le moment, je suis en pleine crise existentielle.

Mais je sors quand même mon téléphone de ma poche, plus par dépit qu'autre chose. Je me dis que peut-être c'est Sacha qui m'invite à aller boire un verre quelque part pour oublier ma défaite. Ou pour se foutre de ma gueule, au choix. Je débloque l'écran, je regarde le destinataire du message.

C'est elle.

Elle veut me voir.
Putain.
Elle veut me voir.
Merde.

C'est bon, je suis foutu. Elle sait. Elle sait que je l'ai attendu comme un prédateur sexuel devant les dortoirs ce matin. Elle sait que j'ai traîné ma carcasse puante toute la journée et que j'allais pitoyablement essayer de lui faire part de mes sentiments dans mon uniforme de merde, tâché de chocolat moisi.
Elle sait que je crains.
Enfin c'est ce que je traduis par son « Tu peux venir sur le toit ? », en tout cas.

Allez, Malenkov. Reprends-toi.

Je me reconnais pas, c'est la première fois que je suis aussi défaitiste. Je suis pas comme ça normalement, cette journée est vraiment en train de faire fondre mon cerveau.

Alors je me fous un coup de pied au cul. Je lui réponds que j'arrive et je range mon portable, avant de me lever de mon banc. Le toit, c'est pas très loin et je peux y être d'ici quelques minutes à peine. Et je marche. Je déambule dans les couloirs du lycée, mon vieux sachet toujours inexplicablement serré dans une de mes mains. Et je me calme comme je peux.
Peut-être qu'elle sait pas. Peut-être qu'elle veut juste qu'on se voit comme ça, sans raison. Peut-être que je peux encore me rattraper. Peut-être qu'elle aime les chocolats froids et les croissants humides.

J'y crois. Je peux encore le faire. Tout n'est pas encore perdu.

J'arrive en haut de cette cage d'escaliers bien plus vite que je ne l'aurais imaginé. Je suis déjà là. J'ai juste à pousser cette porte et je sais que derrière elle, Eirin m'attendra sur le toit. Je sais pas si je suis prêt. Je me dis que cette scène pourrait être romantique, si je débarquais pas comme un clochard avec de la bouffe dégueulasse et des vêtements tâchés. Le seul point positif étant que la tâche, au moins, elle ne pourra pas la voir.

J'inspire un bon coup, et je baisse la poignée de la porte.
Elle est dos à moi, mais je la vois.

Je suis con, bien sûr que je suis prêt, putain. Ça fait des mois que je suis prêt, que je retardais juste le moment de tout déballer à Eirin parce que je trouvais rien de mieux que de me trouver des excuses à la noix.

Je l'aime.
Et je vais le lui dire.

J'avance vers elle. Je sais ce que je fais. J'ai attendu ce moment toute la journée, c'est pas pour me rétracter maintenant. Quand je ne suis plus qu'à deux pas d'elle, je m'arrête. J'ai tellement de choses que j'ai envie de lui dire et c'est ma chance de toutes les formuler. Là. Maintenant.
C'est mon moment, je peux pas le rater.

Je tousse finalement, et je m'entends prendre la parole.

- Ahem. Tu voulais me voir ?

Putain. Malenkov, tu crains.

Je crois que j'ai raté mon moment.
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Eirin Keiko
Eirin Keiko
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Dim 18 Mar - 19:52
Eirin Keiko
Mon cœur se suspend le temps d'entendre la lourde porte dans mon dos s'ouvrir. J'ai un peu la même impression que dans les ascenseurs (en moins effrayant bien évidemment), comme si mon cœur était resté suspendu dans les airs alors que mon corps descend. Chaque pas résonnant sur le sol du toit semble au ralenti. J'entends d'ailleurs plus les battements de mon coeur que les sons extérieurs. Ils se sont comme étouffés. C'est si assourdissant qu'on pourrait croire que même Gwendal l'entend d'où il se trouve.

« Ahem. Tu voulais me voir ? »

NON ! … Enfin si ! Raaaaah...

BADOUM BADOUM BADOUM.

Je ne sais honnêtement pas comment j'ai réussi à bredouiller un « Oui. » au milieu de la panique complète de mon être. C'est sorti tout seul en fait. Doucement je commence à me retourner. Je prends mon temps parce que j'espère que mon corps va trouver un moyen de se calmer magiquement en une trentaine de secondes. Naïveté ? Désespoir ? Optimisme ? Sûrement un peu des trois. Je ne crois pas que je sois trop visiblement en détresse, enfin j'en sais trop rien… Disons que mes précédents exercices de respiration me donnent l'illusion d'avoir un semblant de contrôle.

Badoum.

Je soupire le plus silencieusement possible. J'essaie d'empêcher mes mains de continuer de se triturer mais je finis par abandonner. Je me rappelle que sourire serait mieux.

Badoum.

Mon esprit est vide. Je suis incapable de réfléchir à une phrase. Je ne sais pas comment formuler mes émotions, y réfléchir toute la journée était parfaitement inutile.

Badoum.


Je me lance, j'essaie. Je n'ai pas grand-chose à perdre à ce stade là. A part peut-être une belle amitié. Je bafouille quelques mots :

« En fait… Je voulais… enfin… Je dois te dire... euh… toute la journée j'ai… je... j... »

Mon cafouillis de paroles insensées s’éteint progressivement, laissant sa place à un silence oppressant et à un gêne épouvantable. Ma voix s'est étranglée d'elle-même.

Badoum.


Plus j'essaie, plus je m'enfonce. L'illusion de calme à complètement disparu. Même si je ne le vois pas, je suis prête à parier que mon visage est juste tout rouge. Je sens la chaleur qui s'émane de mes pommettes. Je suis embarrassée au possible, c'est pas du tout l'image que je voulais renvoyer.

Badoum.


Des actes vaudront peut-être mieux que des paroles. J'espère.
Je change de plan et sort le petit paquet de chocolats maison de ma poche. Je les lui tend. J'articule tant bien que mal trois mots, de ma voix presque inaudible et un peu tremblante :

« C-c'est pour toi. »

Ba//
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Gwendal Malenkov
Gwendal Malenkov
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Lun 19 Mar - 18:00
Gwendal Malenkov
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Gwendal Malenkov & Eirin Keiko
Je me sens con. Tellement con.

Bien sûr qu'elle veut me voir, sinon Eirin ne m'aurait pas demandé de la rejoindre ici. Duh. Je viens juste de rater l'opportunité de changer la situation et devenir le meneur de la conversation, c'est tout ce que j'ai réussi à faire. Merde quoi. Et forcément, comme elle me tourne toujours le dos, j'ai absolument aucune idée de quel degré de jugement elle peut bien me porter, là, tout de suite.
Autant dire que plus longtemps elle mettra à me répondre, plus j'aurai l'impression de passer pour un cas social.

- Oui.

Ouf.

Elle l'a dit tellement peu fort que j'ai vraiment failli ne pas l'entendre, mais c'est bien un timide « oui » qui finit quand même par s'échapper de sa bouche pour répondre à ma question. Elle ne m'a pas laissé dans le vent de ma solitude, l'Unique merci. Et au cas où son SMS était pas déjà assez clair quant au fait qu'elle voulait qu'on se voit, maintenant je peux plus avoir le moindre doute.

Devant moi, Eirin commence à se retourner. J'ai l'impression qu'elle le fait tellement lentement que je vais exploser. C'est sûrement seulement dans ma tête hein, mais on dirait qu'elle prend une éternité à le faire : maintenant que je suis enfin avec elle, tout ce que je veux c'est de voir son visage. Voir son sourire, surtout. Ce sourire que j'aime tellement, qui me donne du baume au cœur en toute situation, qui l'habille toujours de la plus belle des façons.
J'aurais jamais pensé dire ce genre de trucs niais avant de la rencontrer mais c'est dingue ce qu'elle arrive à me changer, cette fille.

Quand elle me fait enfin vraiment face, je peux pas m'empêcher de sentir comme un petit quelque chose me tordre l'estomac. Elle est vraiment jolie, quand même. C'est pas forcément ce qui m'a fait m'attacher à elle en premier lieu, mais je serais franchement stupide de ne pas l'admettre. Ses traits fins, son visage doux, ses cheveux parfaitement blancs, ses yeux laiteux : tout chez elle est doux. Tout à mon opposé.

Mais elle ne dit toujours rien.
Ce qui commence un peu à me foutre les boules, il faut bien l'avouer.

Elle soupire. Je déglutis. Je l'observe plus en détails. Elle se tortille un peu, n'arrête pas de se triturer les doigts comme si elle était sur le point de dire quelque chose. Moi, je garde la mâchoire serrée. Je sais pas trop si c'est un bon ou un mauvais signe qu'elle s'agite comme ça, alors j'attends mon sort. Un peu comme un condamné à mort.

- En fait… Je voulais… enfin… Je dois te dire... euh… toute la journée j'ai… je... j...

Présentement, le visage d'Eirin est assorti à la couleur de mes cheveux. De mon côté, je suis un peu suspendu à ses lèvres : j'essaye de calmer mon esprit qui part en vrille et me hurle qu'elle est en train de se confesser à moi. Faut pas que je m'emballe trop, parce que pour le moment, ça pourrait tout aussi bien être un gros rejet qu'elle essaye de me déballer avec gêne.
Mais je prie un peu tout et n'importe quoi pour que ça ne soit pas la deuxième option qui soit en train de se dérouler.

Par contre, je suis quand même un peu mal à l'aise quand le silence commence à s'installer entre nous et qu'elle commence à rougir de plus belle. J'ai envie de dire quelque chose mais en même temps, je vois bien qu'elle n'a pas fini de parler. Du coup, je me retrouve un peu comme un con, à ne pas faire le moindre bruit.
Pour changer.

Ahem.

Je suis franchement soulagé quand Eirin commence à bouger devant moi. Mais avant qu'elle ne reprenne la parole pour sauver un peu la situation de mutisme bizarre qui plane, je la vois plutôt enfoncer ses mains dans ses poches. Quand elle les en ressort, elle me tend un petit paquet et d'une petite voix timide, elle brise enfin le silence.

- C-c'est pour toi.

Un... cadeau ?
Un cadeau pour moi ?
Un cadeau pour moi le jour de la Saint Valentin ?

Je suis franchement touché, je ne m'attendais pas à ce qu'elle m'offre quoi que ce soit. Ou alors seulement de la pitié, éventuellement, après avoir potentiellement entendu parler de mes exploits de la matinée. Mais là... Ça dépasse toutes mes espérances en fait, je réalise pas trop.

Alors je prends le paquet dans ses mains et l'ouvre pour voir ce qu'il contient, tout en n'oubliant pas de remercier Eirin.

- Oh, merci. C'est...

Des chocolats en forme de marsouin ?

- Inattendu.

Adorable. Je voulais dire adorable.
Putain, faut vraiment que je réfléchisse avant de parler ou on va jamais s'en sortir.

- Je veux dire...

Tu sais quoi ? Ça suffit les conneries maintenant.

- Moi aussi j'ai quelque chose pour toi.

Je prends une grande inspiration.

Tant pis, je vais y aller avec mon instinct maintenant : plus de plan à la noix, plus de petit déjeuner minable. Exit le sachet que je me trimballe depuis ce matin, je le pose sur le sol pour qu'il arrête de m'encombrer. Avec de la chance, Eirin ne pensera pas à me demander ce qu'il peut bien y avoir là-dedans et cette histoire restera un secret sombre que j'emporterai jusque dans ma tombe.
Le sachet au sol, je fais quelques pas vers elle, sans un mot. Les mots, pour l'instant, ils ne m'ont pas franchement été d'une grande utilité pour lui communiquer quoi que ce soit de foncièrement intelligent de toute façon.

Alors je la prends dans mes bras.
Tout simplement.

Je l'entoure de mes bras, je la serre contre moi et dans un murmure, je ne lui offre que deux syllabes.

- Écoute.

J'approche sa tête de mon cœur, gardant une main dans ses cheveux tandis que l'autre reste toujours dans son dos. Je ne la retiens pas : si ce contact la dérange, elle pourra s'en défaire avec toute la facilité du monde. Je n'ai aucune envie de la mettre mal à l'aise, ni de lui forcer quoi que ce soit. Mais je n'arrive tout simplement pas à m'exprimer correctement.
Alors je laisse littéralement mon palpitant faire le boulot à ma place.

Parler pour moi.
Battre pour elle.

Lui au moins, elle devrait comprendre ce qu'il veut lui dire.
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